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Dhuoda, Princesse du début du IXème siècle
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Dhuoda, Princesse du début du IXème siècle
7 juin 2007

Les juifs à l'époque de Charlemagne

...dans la deuxième moitié du VIIIe siècle, les Juifs d’Europe commencèrent à sortir de l’obscurité qui les enveloppait depuis de si longues années. Quoique Charlemagne, le créateur de l’empire germano-franc, protégeât l’Église et aidât à établir en Europe la suprématie de la papauté, il avait l’esprit trop large pour partager les préjugés du clergé à l’égard des Juifs. Contrairement aux lois ecclésiastiques et aux dispositions des conciles, il se montra favorable aux Juifs de son empire et utilisa l’intelligence remarquable de l’un d’entre eux, qu’il chargea d’une mission en Syrie et qui importa dans l’empire franc les produits de l’Orient. Jusque-là, on châtiait les Juifs qui achetaient ou prenaient en gage des vases d’église : Charlemagne décréta qu’on punirait, au contraire, très sévèrement les ecclésiastiques ou les servants d’église qui vendraient ou donneraient ces vases en gage, et que les Juifs seraient tenus pour innocents de ces sacrilèges.

Les Juifs étaient, en ce temps, les principaux agents du commerce d’exportation et d’importation. Pendant que la noblesse se consacrait aux travaux de la guerre, que la petite bourgeoisie exerçait des métiers et que les paysans et les serfs se livraient à l’agriculture, les Juifs, éloignés de l’armée et empêchés, avant Charlemagne, de posséder des terres, achetaient et vendaient des marchandises et des esclaves ; Charlemagne leur octroya même certains privilèges pour favoriser le développement du commerce. Ce ne fut pas seulement la situation matérielle des Juifs qui s’améliora sensiblement sous cet empereur, ils s’élevèrent aussi à un plus haut degré de culture intellectuelle. Pour mettre à leur disposition les moyens de s’instruire, Charlemagne fit venir de Lucques à Narbonne (vers 787) deux savants juifs, Kalonymos et son fils Moïse, auxquels il céda une immense étendue de terrain pour y construire des maisons et qu’il investit du droit de souveraineté sur la communauté juive ; il avait placé dans les mêmes conditions un cheikh arabe à la tête des musulmans. Jusqu’au moment où les Juifs furent bannis de France, Kalonymos et ses descendants portèrent le titre de prince (nassi), et le quartier qu’ils habitaient s’appelait la cour du roi du Juifs (Cortada regis Judœorum). — Sur l’ordre de Charlemagne, quelques membres de la famille de Kalonymos s’établirent à Mayence.

On sait que Charlemagne adjoignit un Juif, Isaac, aux ambassadeurs qu’il envoya (797) auprès du puissant khalife Haroun-ar-Raschid. Isaac n’accompagna, il est vrai, les deux ambassadeurs Landfried et Sigismond qu’en qualité d’interprète, mais il était initié aux secrets diplomatiques de l’empereur. Les deux ambassadeurs étant morts en chemin, il rapporta seul la réponse et les riches cadeaux d’Haroun-ar-Raschid et fut reçu, à Aix-la-Chapelle, en audience solennelle par Charlemagne.

Traités avec bienveillance dans l’empire germano-franc, où ils pouvaient posséder des terres, exercer des métiers et devenir armateurs, et où ils n’avaient à subir ni tracasseries, ni vexations, les Juifs s’établirent dans plusieurs régions de l’Allemagne. On les trouve en grand nombre, au IXe siècle, dans les villes de Magdebourg, Mersebourg et Ratisbonne. De là, ils se répandirent jusque dans les contrées habitées par les Slaves, au delà de l’Oder, jusqu’en Bohème et en Pologne. Malgré ses sentiments de justice et son esprit éclairé, Charlemagne ne put cependant pas s’élever complètement au-dessus des préjugés de son époque, et il maintint la distinction qui existait entre les chrétiens et les Juifs en imposant à ces derniers une formule spéciale de serment. Quand les Juifs comparaissaient en justice comme témoins ou plaignants contre un chrétien, ils ne pouvaient prêter serment qu’entourés d’épines, tenant de la main droite le rouleau de la Loi

et appelant sur eux, en cas de parjure, la lèpre de Naaman et la mort de Coré et de sa faction ; faute d’un exemplaire hébreu de la Thora, ils pouvaient prêter serment sur une Bible latine.

http://www.mediterranee-antique.info/Moyen_Orient/Graetz/HJ_314.htm

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