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Dhuoda, Princesse du début du IXème siècle
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Dhuoda, Princesse du début du IXème siècle
7 juin 2007

les Juifs de Narbonne

En 719 Narbonne fut occupée par le général El Samah, suivie 2 ans plus tard par Carcassonne, Agde, Béziers et Nîmes. Ces villes furent reprises en 737 par Charles Martel. Mais à Narbonne l'occupation dura 40 ans et une culture judéo-arabe allait se mettre en place de façon durable dans cette ville qui était un pôle géographique de première importance. Et durant tout ce temps, musulmans, chrétiens et juifs cohabitèrent dans une société nouvelle faite de tolérance.

En 759 Pépin le Bref reprit la ville aidé par les wisigoths et les juifs. En remerciements il confirma juridiquement la communauté juive de Narbonne et donna aux juifs le droit de posséder héréditairement des biens immobiliers.

En 797, son successeur Charlemagne donna une mission d'ambassadeur auprès du calife de Bagdad à un juif narbonnais nommé Isaac. Celui-ci ne revint de sa mission qu'au début de l'an 802, rapportant deux cadeaux insolites: une horloge très perfectionnée et un éléphant.

Il ramena avec lui un savant juif, Rabbi Makhir. Il s'installa à Narbonne où il épousa la fille d'un personnage de la communauté très en vue et donna naissance à une illustre descendance qui portera le nom de Kalonyme.

Il fonda surtout une académie d'études de la tradition judaïque sur le modèle de celles qui existaient à Babylone. Leur but était de codifier les éléments oraux d'un savoir transmis de maîtres à disciples, de génération en génération. L'école juive de Narbonne allait prendre la tête d'une communauté qui aspirait à une autonomie assurant sa singularité religieuse et la plénitude de ses droits dans un monde chrétien dominé par un empereur tout puissant.

Charlemagne voulut assurer l'autorité de cette école et lui donna en jouissance une grande partie de la ville. Cette concession était faite en toute propriété, ce qui signifiait que pour la première fois un juif n'aurait pas à payer de tribut foncier à l'autorité ecclésiastique ou politique. Invoquant cette disposition plusieurs juifs de Narbonne purent acquérir des biens fonciers dont l'ensemble mis bout-à-bout semblait constituer une sorte de royaume avec à sa tête rabbi Makhir. Durant plusieurs siècles cette fonction de " prince de l'exil" fut héréditairement transmise.

Louis le Pieux, fils de Charlemagne, continua lorsqu'il succéda à son père de protéger les juifs de son amitié que ce soit à titre individuel ou plus collectivement, comme il le fit pour la communauté de Banyuls, de sorte que les juifs provençaux purent sous son règne mener une vie autonome et tranquille pratiquement sans velléités de persécutions même de la part du clergé. A cette époque dans l'école de rabbi Makhir ont étudiait les principes philosophiques et mystiques dont l'essentiel fut ensuite formulé dans le "Sepher Yetsira " ou " livre de la création" qui à cette époque n'était transmis que par la voie orale, ce texte n'ayant été codifié au IIè sicle qu'en araméen par Rabbi Akiba. Néanmoins les travaux à ce sujet furent connu par Agobard qui fut nommé archevêque de Lyon en 816. Cet espagnol qui vécut longtemps en Provence était foncièrement hostile aux juifs. Il exerça de nombreuses pressions sur Louis le Pieux pour influer sur sa politique à l'égard des juifs, mais celui-ci exaspéré par un mouvement de conversions forcées qu'il avait institué à Lyon, obligeant de nombreux juifs à fuir vers la Provence le destitua et l'obligea à quitter la ville. Il commença alors un débat théologique en s'appuyant sur les connaissances du Sepher Yetsira. Mais ces élucubrations à partir des textes de la Cabale furent sans incidence sur la plupart.

Ainsi au milieu du IXè siècle, la Provence, fidèle à ce qu'elle était depuis ses origines était restée une terre de refuge, de compréhension réciproque et de tolérance. Par ailleurs les liens que les juifs entretenaient avec leurs frères d'Orient, d'Extrême-Orient ou d'Europe du Nord facilitaient les rencontres et les échanges commerciaux. Ainsi la singularité des juifs était un facteur de progrès et d'enrichissement et non d'opprobre et de mépris. Et le fait que dans de nombreuses villes provençales les juifs entretenaient des lieux d'étude contribuait à l'éveil et à la marche des idées.

http://www.alliancefr.com/magazine/reportages/provence.html

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